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parue dans le journal
Le Monde le 2 juillet 2022

France (post)coloniale :
pour des mémoires critiques, apaisées et résilientes

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La liste des signataires

Les signataires :

Jean-Louis
Essayistes, dramaturge, directeur de théâtre
Camara Mame Famew
Ecrivaine
IDRISSA BADJI
CHEF D'ENTREPRISE
Caroline ADOMO
Conseillère municipale, Conseillère territoriale
Saliou Diallo
Retraité
Yann Emelie
Technicien assainissement
Malik camara
Technicien
Amandine Dehant
Musicienne
Ibrahima wagne
Président de l’AJPN
Saliou Diallo
Retraité
Jean-Henry KINDA
-
Pierre Pastel
-
Sylvestre D'ALMEIDA
Délégué de l'UDCCAS 93
Elhadji Touré
-
Mamadou AW
-
Mabiala Molu Jacques
-
Becket Yahne
Élu à Chennevières sur Marne
Sérilo LOOKY
Délégué Général
Wally Tirera
Président du Collectif Provence-Alpes-Côte d'Azur pour la Mémoire de l'Esclavage
Yacine DIAKITÉ
Ancienne élue, enseignante retraitée et militante associative
Idrissa BADJI
Président de la FEDIAS
Hamidou SAMAKE
Conseiller de Paris, Adjoint au Maire de Paris 20e
Vanina NOEL
Présidente d’Outre-mer diaspora
Thérèse NGIMBOUS BATJÔM
Adjointe au Maire de Nanterre
Amina BACAR
Conseillère municipale d’Avon
Kader ATTEYE
Maire de Morey-sur-Loing

Les auteurs :

Louis Mohamed SEYE, enseignant, sociologue, Adjoint au Maire de Fontenay-sous-Bois délégué à la Politique de la Ville, Président d’ANEDAS (anedas.org), ancien Délégué national à la Francophonie et ancien Secrétaire national à l’Égalité citoyenne du Parti Socialiste.
Ismaïla WANE, ingénieur, cofondateur de la société Geeko qui dans l’industrie intervient dans le développement des systèmes électroniques et informatiques, Conseiller municipal de Maurepas, ancien Conseiller général des Yvelines.

La tribune

« Déconstruire l’imaginaire colonial et revivifier les mémoires douloureuses qui concernent l’empire français »

Louis Mohamed SEYE - Sociologue
Ismaïla WANE - Ingénieur

Les deux conseillers municipaux Louis Mohamed Seye et Ismaïla Wane plaident, dans une tribune au « Monde », en faveur d’un travail d’introspection sur la France postcoloniale qui permette de rapprocher tous les citoyens, d’où qu’ils viennent

Les Français sont mûrs pour se poser collectivement la question : « La France postcoloniale peut-elle faire société sans se pencher sur son passé colonial ? » Poser la question, c’est y répondre en partie. En effet, le pays a les moyens d’effectuer ce travail sur lui-même pour réconcilier les mémoires. D’autres grandes puissances coloniales devront faire cette introspection : le Portugal, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et l’Allemagne. Le Royaume-Uni, quant à lui, a commencé à réfléchir sur son passé colonial dès les années 1980-1990.

Cette interrogation sur la France postcoloniale a du sens ; elle irrigue l’ensemble du territoire national et concerne tous les Français. Il est évident que pour de nombreux citoyens qui ont des ascendances venues des anciennes colonies françaises, ce travail entraînera des répercussions importantes.

En effet, des parties violentes de l’histoire coloniale sont très souvent occultées ou mal restituées. Cela crée des incompréhensions, de la frustration et des douleurs chez les citoyens qui ont un lien généalogique avec cet ex-empire colonial français. Les livres scolaires européocentriques destinés à l’école primaire et au collège, par exemple, doivent être de ce point de vue repensés pour une meilleure prise en compte de ces mémoires diverses, mais de cette histoire commune.



Violence symbolique

Ces non-dits créent une violence symbolique pour tous ceux que cela concerne, notamment les Franco-Africains, les Afro-descendants et tous ceux qui ont un lien généalogique avec les pays colonisés par la France. Nous devons trouver un chemin – grâce à la coconstruction entre la culture de l’annulation et l’histoire écrite par les vainqueurs.

Nous devons faire un état des lieux avec les chercheurs en sciences sociales, les historiens, les politiques et les associations en collaboration avec les institutions publiques et privées. Ils accompagneront la réflexion et la pertinence d’actions à mettre en place sur le territoire national, avec les collectivités territoriales et les organisations qui le souhaitent.

L’objectif est de déconstruire l’imaginaire colonial et de revivifier ces mémoires douloureuses qui concernent

l’empire colonial français en explorant des éléments dont on parle trop peu :
 

  • le travail forcé et les statuts des personnes dans les colonies ;

  • les zoos humains et les expositions coloniales ;

  • les tirailleurs sénégalais ou malgaches, les tirailleurs algériens, les tirailleurs indochinois, les spahis marocains…

  • l’appareil politique et administratif sous les colonies ;

  • le patrimoine colonial en France (notamment les statues) ;

  • les engagements anticolonialistes ;

  • l’absence d’un musée d’histoire coloniale…
     

Cette liste n’est pas exhaustive et bien d’autres domaines pourront être explorés.


Il ne s’agit pas de battre sa coulpe ou d’être pointé abruptement par une accusation pour des faits passés. Cela créerait des tensions entre les citoyens et fragmenterait la société. Notre ambition, c’est de faire preuve de pédagogie et de faire émerger une réflexion citoyenne qui favorisera des politiques réparatrices permettant de nous rapprocher.
 

L’objectif de l’égalité réelle

Il ne faut pas oublier également l’engagement de citoyens français contre la colonisation alors même qu’ils n’ont aucun lien généalogique avec les pays colonisés. Ces actions nous permettront de créer des liens sociaux et culturels entre tous les Français quelles que soient leurs origines, dépouillés des scories du passé colonial (a priori et préjugés).

Si nous voulons construire une mémoire apaisée et résiliente, l’objectif de l’égalité réelle doit être la boussole des politiques publiques d’intégration. Les luttes contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie et toutes les formes de discriminations doivent s’intensifier. Elles doivent être assorties de la mise en place de dispositifs pour permettre à tous les citoyens de notre pays de se sentir pleinement partie intégrante de la communauté nationale, de l’histoire nationale, du récit du roman national. La société civile doit être partie prenante dans ce combat vital pour la France afin de mettre en place les soubassements d’une réconciliation des mémoires. Ces exigences sont nécessaires à l’analyse des mécanismes qui sous-tendent l’imaginaire colonial.

Sans cela, les fractures historiques, urbaines, sociales, économiques et culturelles ne seront pas réparées et nous vivrons de nouveaux soubresauts qui menaceront directement la cohésion nationale et les fondements de la République.

C’est par des échanges avec les chercheurs, les historiens, les associations et les citoyens, par des regards croisés, contradictoires, par des visions dynamiques et prospectives que nous pourrons faire société. C’est à ce travail collaboratif de partage que nous allons nous atteler pour faire France.

Louis Mohamed Seye est enseignant, sociologue, adjoint au maire de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) délégué à la politique de la ville, président d’Anedas, ancien délégué national à la Francophonie et ancien secrétaire national à l’égalité citoyenne du Parti socialiste ;
Ismaïla Wane est ingénieur, cofondateur de la société Geeko qui, dans l’industrie, intervient dans le développement des systèmes électroniques et informatiques, conseiller municipal de Maurepas (Yvelines), ancien conseiller général des Yvelines.

Parmi les premiers signataires : Kader Atteyé, maire de Morey (Saône-et-Loire) ; Amina Bacar, conseillère municipale d’Avon (Seine-et-Marne) ; Thérèse Ngimbous Batjôm, adjointe au maire de Nanterre ; Hamidou Samaké, conseiller de Paris, adjoint au Maire de Paris 20e


 

Tirailleurs sénégalais.PNG

Tirailleurs sénégalais. Bitola, 1916. COURTESY NATIONAL ARCHIVE OF BITOLA

Le Monde 02/07/2022

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